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Nicole Conus

Les Zhumains du monde

Exposition – du 2 au 20 novembre 2021

Comme une enquête qui dissimule une quête d’identité, Nicole Conus représente compulsivement des personnages pour illustrer que nous sommes tous en chemin, l’identité en perpétuelle construction. Elle s’attache à transposer sur la surface du papier, les ressentis intérieurs qui ébranlent notre perception de nous-même en leur donnant une traduction picturale.

Les distorsions de l’anatomie de ces simulacres de corps composent la partition de ces sensations discordantes, et les phrases – à l’orthographe parfois très approximative où la faute ajoute un sens nouveau au sens littéral – expriment des pensées et des questionnements. Les corps, dans ses séries de dessins, débordent d’un rectangle central comme pour respirer hors du cadre établi, pour exprimer qu’ils ont besoin de plus de place.

Ces représentations d’humains qui portent leur âme à découvert sont dessinées avec une tendresse particulière pour leurs angoisses et leurs défauts. Elles révèlent ce que nous cherchons tous craintivement à cacher, non pour dénoncer, mais pour apprendre à aimer ce qui dérange, ce qui dépasse, ce qui n’est pas conforme. Cette façon de jeter une lumière crue sur nos ombres est une tentative de nous libérer de nos peurs pour nous donner le goût d’apprécier pleinement nos singularités. «Pour libérer nos âmes du poids de leurs doutes, je nous représente avec nos failles afin que nous puissions nous sentir proches les uns des autres».

Cette recherche de lien entre le particulier et l’universel fait écho à la voix d’Eugène Ionesco qui écrit en 1962 dans son essai Notes et contre-notes: «Pour découvrir le problème fondamental commun à tous les hommes, il faut que je me demande quel est mon problème fondamental, quelle est ma peur la plus déracinable c’est alors que je découvrirai quels sont les peurs et les problèmes de chacun. Voilà la vraie grande route, celle qui plonge dans mes propres ténèbres, nos ténèbres que je voudrais amener à la lumière du jour»

Exposés comme une foule d’individus totalement isolés les uns des autres par le cadre qui les abrite, ces personnages sont reliés entre eux par l’espace d’exposition qu’ils habitent. Comme nous-même qui habitons ce monde en aspirant à construire un vivre-ensemble où chacun peut se révéler.

2 novembre 2021